Le livre du manifeste du Bris-collage

Guidé par l’esprit rebelle du mouvement DADA, je souhaite vous entretenir de création en déclinant chaque article du manifeste du Bris-collage, en seize leçons de créativité. Francis Picabia écrivait : « ce que j’aime c’est inventer, imaginer, fabriquer à chaque instant avec moi- même un homme nouveau. » 
 
À l’instar de l’écrivain et artiste avant-gardiste, j’envisage ce texte, né d’échanges heureux entre l’analyse et l’action, comme un manuel utile à l’usage des apprentis créateurs. Ni méthode ni traité du bien créer, cet ouvrage reste le fruit de l’expérience. 
 
Quand mes amis, alliés du Bris-collage, regroupés au sein d’une association cherchant à « donner à voir et à vivre, tant en France que dans le monde, les 16 articles fondateurs du premier manifeste du bris-collage », déposèrent les différents articles du manifeste au Journal officiel, un galeriste parisien déclara : — La parution d’un manifeste artistique au Journal officiel, c’est très dada, ça ! 
 
Tout comme le mouvement dadaïste, le Bris-collage s’envisage lié à la poésie et aux jeux du langage. Il n’a pas oublié la leçon de ses illustres aînés, adolescents durant la Grande Guerre, qui désiraient donner une valeur positive aux mots, pour faire table rase de la logique guerrière du monde avec le langage, et instaurer une vision et des valeurs nouvelles, plus proches de leurs idéaux. Dada vouait un culte immense à la poésie sous toutes ses formes. 
 
Pour le Bris-collage, la poésie est toujours aux avant- postes d’un regard libéré, anticonformiste, d’une étrangeté inspirante et apaisante. De même que l’annonçaient les dadaïstes, le Bris-collage proclame que tout le monde est artiste, que la créativité est une approche originale ancrée dans l’époque alliant humour, poésie et invention au travers d’actes inventifs, réjouissants, décalés, pédagogiques, esthétiques. 
 
Utile dans bien des domaines de la vie, la créativité a beaucoup à nous apporter sur un plan personnel. Même si, en réalité, le créateur est un archer qui tire dans l’obscurité, la création est un choix qui éclaire l’horizon d’un jour meilleur. Animé par un esprit d’érudition et d’adaptation, mais aussi porté par un étrange excès de conscience de soi et d’émotions, je prise l’effort aux vertus fécondes et lumineuses qui tissent en moi leurs grandes heures de lumière. Tout comme un bricoleur – /bris-colleur/– du dimanche, j’aime travailler en /amateur/, lentement, laborieusement, avec l’ambition passionnée de mettre en œuvre une pratique d’appropriation et d’invention. 
 
La créativité est un besoin vital de l’âme humaine. Elle nécessite la mise en place de pratiques inspirantes, vives et libres, qui réveillent le cœur et l’âme. La création, c’est l’insondable mouvement de la vie, « la créativité, c’est l’intelligence qui s’amuse ». 
 
Et ce manifeste est une déclaration d’admiration envers cet élan créatif et tous les artistes, poètes, écrivains et autres alliés invisibles et bienveillants qui l’inspirent. Ce texte se veut le trait d’union entre le mouvement nourricier de ce /motus animi continuus/,/par lequel Thomas Mann définissait la création, et le bonheur de créer. 
 
Il y a longtemps, j’ai eu l’étrange intuition que chaque jour de ma vie serait un jour de création. Depuis, ce mouvement n’a jamais cessé. Aujourd’hui, si je devais trouver une raison d’être à ce livre, je dirais tout net qu’il fut écrit par engagement, celui d’un militant manifeste de la transmission, prosélyte convaincu que tous, nous sommes des surdoués de la création.